FALSTAFF
Nice, le 4 mars 2023
Nous avons assisté le 4 mars à l’opéra de Nice à un superbe Falstaff. Pour ma part c’était le quatrième que je voyais en live et c’est celui qui m’a le plus enthousiasmé La mise en scène était extraordinaire. J’y reviendrai.
L'affiche et la salle de l'opéra de Nice, ce soir là.
Falstaff est le dernier opéra du maestro Verdi, qui après tant d’ouvrages sombres et tragiques décide à la fin de sa vie de laisser parler son sens comique, nous offrant un Falstaff plein d’humour et de tendresse. Le compositeur a dû bien s’amuser en mettant en musique certains dialogues.
A noter que Verdi ne comptait pas faire représenter cet opéra.
L’histoire en est simple : Fastaff, sans un sou, couvert de dettes, propose à deux dames de tromper leurs maris. Ces dames avec leurs amies et leurs familles vont décider de se venger du malotru.
Une œuvre légère, pleine d’humour et de finesse, tirée des « Joyeuses Commères de Windsor » de Shakespeare.
Tout d’abord, cet opéra a été sublimé par la mise en scène délirante de Daniel Benoin : Nous sortons de l’époque élisabéthaine pour nous retrouver dans une banlieue morose, avec des HLM tagués où traîne un canapé défoncé. C’est un lieu inondé d’alcool et de coke, qui ressemble à certaines de nos banlieues. Falstaff, ancien biker, vit ici, entouré de loubards et de prostituées, histoire de faire peur à la bourgeoisie.
Autre banlieue, bien plus chic pour les Ford, les Page et leurs amis : villas cossues , hammam et pelouse bien tondue, maillots de bain échancrés et champagne à volonté. Nous avons là deux classes sociales qui se télescopent .
Pour passer de l’un à l’autre de ces deux tableaux le metteur en scène utilise une vidéo inventive et poétique. C’est une merveilleuse idée !
Quant au plateau, il fut magnifiquement dirigé par le maestro Daniele Callegari.
Roberto de Candia a été un somptueux, un délirant Falstaff, truculent et sensible, à la voix triomphante, malgré quelques soucis de santé. Un grand baryton, Massimo Cavaletti, a magnifiquement maîtrisé son rôle de remplaçant de Vladimir Stoyanov souffrant, dans le rôle de Ford. Le public ne s’y est pas trompé, il a été très applaudi.
J’ai beaucoup aimé la voix du ténor Davide Guisti au phrasé délicat, qui donna des répliques aimantes et galantes à sa fiancée, la délicieuse Nannetta. Cette dernière était joliment interprétée par Rocio Perez, délicieuse soprano. J’ai aussi adoré Kamelia Kader dans le rôle de Mme Quickly, une mezzo- soprano qui parfois me faisait penser à une alto, passant avec aisance d’un aigu accrocheur à un grave sensuel.
Félicitation à Alexandra Marcellier, nouvelle révélation aux Victoires de la Musique et qui fut une Mme Page éblouissante.
Ma conclusion ? En voyant Falstaff se faire un shoot à l’héroïne, je me suis dit : si Verdi voit cela, il va se retourner dans sa tombe !!!
Mais quel magnifique spectacle ! Un grand, un très grand Falstaff, dans une mise en scène éblouissante !
Jean-Yves Perrier
Quelques photos de notre séjour et de nos visites.