Don Carlo de Verdi à l’opéra de Marseille
[ Un Don Carlo, mais pas celui de Marseille ]
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous l’émotion ressentie ce samedi 11 juin 2022, en voyant ce magnifique Don Carlo de G.Verdi à l’opéra de Marseille.
Alors que ma soirée était programmée pour voir le match de rugby Toulouse La Rochelle, je me suis retrouvé, grâce à un désistement, dans la salle surchauffée de l’opéra. Je n’ai pas regretté une seconde l’inconfort des fauteuils meublant cette étuve.
Tout était parfait, à commencer par le chef d’orchestre à la chevelure flamboyante, Paolo Arrivabeni, qui dirigea d’une baguette énergique les musiciens. Je salue la mise en scène fort intelligente de Charles Roubaud soulignée par de forts beaux jeux de lumière, sans oublier les costumes de Katia Duflot, inspirés semble-t-il par des tableaux de l’époque. En fait la mise en scène est la même que celle qu’on avait déjà vue en juin 2017 ; seuls les chanteurs (à l’exception de N. Courjal) ont changé.
Cet opéra raconte d’un côté, une triste histoire d’amour entre Élisabeth de Valois qui, promise à Don Carlo, devra pour raison d’État épouser son père Philippe II, lui-même fils de Charles Quint et d’un autre côté, une belle d’amitié unissant Don Carlo et Rodrigo di Posa, finalisée par la mort de Posa.
Tout le plateau reçut une magnifique ovation avec de nombreux rappels.
Le chœur fut somptueux et les seconds rôles irréprochables.
Bravo à Simon Lim, basse, le grand inquisiteur, poursuivant de sa vindicte un Posa interprété par un magnifique Jérôme Boutillier, bouleversant dans son engagement vocal et scénique.
Nous le reverrons pour le Nabucco programmé le 30 mars et les 2, 4 et 7 avril à Marseille sous la baguette de Paolo Arrivabeni.
Nicolas Courjal, basse, Philippe II, sut nous émouvoir dans son long monologue, essayant de nous faire aimer ce personnage si peu sympathique. Cet artiste est programmé à Marseille dans les Huguenots de Meyerbeer en juin 2023 et dans le Macbeth de Verdi en octobre 2023.
Enfin ces dames, Élisabetta la nostalgique et Eboli la flamboyante.
Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano campe une Eboli dont les jeux de scène embellissent si besoin était, une voix parfaite. À noter que cette chanteuse commença ses études musicales à Erevan et les termina au conservatoire de Marseille, où elle a obtenu le prix du conservatoire.
Une sacrée personnalité face à Chiara Isotton soprano, une Élisabeth à la voix magique, qui a su nous émouvoir au plus haut point.
Elles furent toutes deux admirables dans des rôles si différents.
Toutes et tous furent ovationnés, et toutes et tous le méritaient amplement.
Une magnifique fin de saison !
Jean-Yves Perrier